La prématurité des jumeaux

 On distingue 3 niveaux de prématurité : la prématurité moyenne qui se définit par une naissance entre 33 et 37 SA (semaines d'aménorrhée). La grande prématurité qui se définit par une naissance entre la 28 et la 32 SA. L’extrême prématurité ou très grande prématurité qui se définit par une naissance avant 28 SA. Une grossesse classique arrive à terme à 41 semaines d'aménorrhée alors que le terme d'une grossesse gémellaire se situe entre 36 et 37 semaine.


Mes jumeaux sont nés à 33 semaines d'aménorrhée + 4 jours (33SA+4). La poche des eaux s'est rompue alors que je préparais le déjeuner et le travail à commencé. Mon mari m'a conduite dans la clinique habituelle mais le médecin a préféré me faire transférer dans la maternité de type 3 voisine. En raison du Covid-19 mon mari n'a pas pu m'accompagner mais a pu venir à la naissance des bébés.
A 20 h 44 et 20 h 47, nos enfants sont finalement nés par césarienne mais je ne les ai pas entendu crier, ça m'a glacé le sang. On me les a présentés quelques minutes plus tard, l'un après l'autre, j'étais contente de les voir enfin mais les médecins parlaient de respirateur et je n'étais pas rassurée.
Les jumeaux ont été transférés dans leur chambre et j'ai du attendre patiemment que l'on me recouse, puis que l'on me transfère dans ma chambre avant de pouvoir les retrouver.

Ce n'est que vers 1 h 00 du matin qu'une infirmière m'a conduite, sur une chaise roulante, voir mes jumeaux. Il m'était douloureux de m'asseoir mais je ne pouvais plus attendre. Ils étaient endormis, fragiles, sous leur bulle de Plexiglas, reliés à plusieurs machines bruyantes. J'étais bouleversée.
Les jumeaux ont passé 11 jours en couveuse, dans l'unité des soins intensifs ; ils avaient une sonde dans le nez qui servait à les nourrir et notre fille était assistée par un respirateur. Ils ont ensuite été transférés en néonatalogie pendant presque 2 semaines. Lorsque la bradycardie (ralentissements de la fréquence cardiaque, fréquente chez les nourrissons prématurés) a stoppé nous avons pu ramener enfin nos bébés pour la première fois à la maison.

Sortir de l'hôpital sans bébé, après 4 jours de post-césarienne et la chute brutale de mon taux d'hormones, était très difficile à encaisser. Rajoutons à cela un contexte Covid-19 qui interdit toutes visites en chambre (oui, même du père) et des bébés qui se trouvent 2 étages et une multitude de couloirs plus loin, c'est la dépression assurée. J'ai d'ailleurs souffert du "syndrome du ventre vide" (voir l'article à ce sujet) pendant quelques semaines.

Pourtant tout a fini par rentrer dans l'ordre. Pendant 20 jours, nous faisions la navette pour passer du temps avec nos bébés. Même si notre intervention était limité, notre présence quotidienne restait indispensable pour nos enfants. Nous pratiquions le peau à peau, dont les bienfaits sont d'ailleurs multiples tant physiquement que mentalement pour le bébé et le parent, dès que l'occasion se présentait, avec un ou deux bébés à la fois. Puis avant de pouvoir quitter définitivement le service, j'ai passé 3 jours et 3 nuits complets en chambre avec mes jumeaux. J'ai l'impression que c'est à ce moment là que j'ai vécu pleinement mon accouchement et ma rencontre avec mes enfants. Sans câbles, sans sondes, sans respirateur ...
L'utérus n'étant pas extensible à l'infini, il n'est pas rare d'accoucher prématurément avec des jumeaux. Même si la médecine a énormément progressé il est important de bien choisir sa maternité. Toutes ne sont pas équipées d'une unité de néonatalogie, ni de soins intensifs ou de réanimation néonatale. Tout ceci est à discuter avec votre obstétricien, mais préférez une maternité de type 3 pour éviter toute complication nécessitant un transfert d'urgence.

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